Les recommandations sur la cigarette électronique par l’oft

Publié le : 29 janvier 20197 mins de lecture

Il était plus que temps que les professionnels de la santé puissent s’accorder sur un discours cohérent concernant la cigarette électronique, et ce à tous les niveaux. Jusqu’ici, on pouvait trouver des médecins qui appelaient à son développement, des tabacologues qui la considéraient comme très dangereuse (pas pour des raisons sanitaires cela dit, uniquement pour des raisons sociologiques de mimétisme), la plupart des professionnels de la santé ne se prononçait cependant pas. Ainsi le rapport proposé par l’OFT (l’Office Français de prévention du tabac) devrait remettre au clair les grandes lignes des discours sanitaires sur la question de la cigarette électronique.

C’est donc une liste de 45 propositions qui conclue le rapport sur le discours concernant les cigarettes électroniques. Ce sont des propositions qui restent des lignes directrices, elles n’ont aucune valeur obligatoire. C’est Bertrand Dautzenberg, le directeur de l’OFT, et fervent combattant des méfaits du tabac qui indique dès l’abord l’intérêt de la cigarette électronique, ne serait-ce que comme un moyen de lutter contre le tabagisme. Bien qu’il ne soit pas à proprement parler un défenseur de l’e-cigarette, sa lutte contre les dangers du tabagisme fait de lui un défenseur de la vapote malgré lui. On ne saurait s’en plaindre. C’est un élément important pour l’équipe de votre boutique préférée !

Si le rapport se présente donc sous de bons augures pour la cigarette électronique, il n’est pas épargné par un certain nombre de clichés, comme celui, très tenace, de l’e-cigarette comme une passerelle pour les jeunes vers le tabagisme. Démenti par toute les études sur la question, cette assertion a le cuir épais et continue de biaiser la façon de penser de nombreux médecins et tabacologues. On peut cependant noter un effort louable de la part des 10 experts à l’origine de la rédaction du rapport en question, qui semblent abandonner un certain nombre de cliché de la presse sur la cigarette électronique pour se recentrer sur des éléments plus fondamentaux. Le jour même de la sortie du rapport, on pouvait constater une certaine remise en question. Citons Jean-Yves Nau, journaliste et docteur en médecine, qui « salue le consensus auquel devraient se tenir les professionnels de la santé quant à la cigarette électronique » bien qu’il s’inquiète de l’attitude de Marisol Touraine, qui selon lui  « continue à ne pas percevoir le côté révolutionnaire de l’affaire ».

Notre chère ministre c’est d’ailleurs fendue d’un communiqué le même jour, indiquant qu’elle désirerait à l’avenir des campagnes un « peu plus trash » pour inciter les jeunes à ne pas se mettre à fumer, et qu’elle espérait voir fleurir des parcs et des plages interdits aux fumeurs et aux vapoteurs. Envie de pénal, bonjour (cette petite référence peut se comprendre via cet article, du même auteur).

L’avis des rédacteurs sur ce fameux rapport de l’OFT reste cependant mitigé. Une petite enquête sur les fameux experts du rapport nous indique qu’ils sont tous certes issus des corps médicaux, cependant il s’agit pour une grande majorité de médecins classiques, ou de tabacologues confronté tous les jours au problème de l’arrêt du tabac. Il n’y a parmi eux aucun chercheur sur la cigarette électronique par exemple, ce qui, à bien des égards, est dommageable. De plus le rapport conclue en continuant de privilégier les substituts nicotiniques classiques (c’est-à-dire patch et autre gomme à mâcher que vous pouvez trouver en pharmacie), alors que toutes les études dans le domaine ont démontré leur inefficacité totale pour aider au sevrage tabagiques (pour des raisons qui sont à la fois physiologique mais également psychologique). Sur ce terrain, une prise de conscience réelle, non politisée à cause du « geste » de l’e-cigarette se fait encore attendre. D’ailleurs les prises de positions dans le rapport semblent parfois étrange, on peut lire en sous-texte que la nicotine est responsable à 95% de l’addiction à la cigarette classique, hors cela fait bien longtemps que des études très sérieuses ont démontré que tout cela était faux, puisque c’est la combustion des agents de textures et de saveurs qui dégage des molécules dont résulte un très forte addiction. La nicotine ne vient que dans un deuxième temps, et loin derrière.

Ce qui peut apparaître comme un peu plus grave, c’est bien entendu l’étude des sources du rapport, que nous n’avons pu nous empêcher d’analyser. Rappelons que l’OFT est un organisme présenté comme indépendant, œuvrant pour le plus grand bien de la population. Or, si les journalistes s’appliquaient un peu dans leur travail, ils auraient noté dans le corps du texte cette petite phrase de Jean-Yves Nau, qui indique ‘’ce rapport […] n’aura pas pu être élaboré sans l’aide et le soutien des « Laboratoires Pierre Fabre Médicament »’’. Or rappelons que le laboratoire Pierre Fabre est à l’origine de produits comme Nicopatch et Nicopass, ce qui nous éclaire un peu sur la recommandation concernant les produits de sevrage pharmaceutique mentionnés plus haut… Le conflit d’intérêt pourrait être très proche.

Nous pourrions également parler de Bertrand Dautzenberg le directeur du travail effectué, et ses liens avec des laboratoires comme Pierre Fabre et Pfizer. Cependant ceux-ci apparaissent clairement dans de nombreuses de ces déclarations publiques. Nous ne crions pas au complot, nous regrettons simplement que certaines mentions soient systématiquement absente des articles de grands journaux. Nous regrettons également qu’un organisme indépendant, mandaté par l’Etat, doive recourir à des financements privés aussi évidemment en conflit avec l’objet d’étude.

Cependant, la cigarette électronique est somme toute gagnante dans cette affaire, puisque elle est enfin considérée par le corps médical comme un outil de sevrage réellement efficace. Élément que beaucoup savait déjà ne serait-ce que par la première chute historique des ventes de tabac en Europe. Les plus optimistes d’entre nous pourront voir cela comme la première légitimation de l’e-cigarette, ce qui devrait nous assurer un débat un peu plus serein à l’avenir. Il faudra cependant surtout remercier internet, qui apparaît comme l’outil permettant à la population de pouvoir se faire un avis propre beaucoup plus pertinent que par le passé, ce qui explique sans doute le succès continu de la cigarette électronique malgré le lynchage médiatique en règle qu’elle subit.

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