Cigarette électronique, révolution sociétale en marche.

Publié le : 24 février 20207 mins de lecture

Aujourd’hui, la cigarette électronique commence enfin sa vie culturelle propre, c’est-à-dire qu’elle commence petit à petit à se séparer du monde du tabac. En effet une étude vient de montrer que son existence même nuisait à l’image du tabac, qui apparaît comme un produit beaucoup plus dangereux pour la santé en comparaison, notamment chez les jeunes. La presse française, toujours si prompt à critiquer ce nouveau marché semble aujourd’hui prendre conscience du phénomène.
Vous pourrez voir dans de nombreux articles de presse que la cigarette électronique est censée « ringardiser » le fait de fumer tu tabac classique. Si le néologisme pourra sembler malheureux aux yeux de certains, il a l’avantage d’être particulièrement parlant pour la société moderne. Les vapoteurs sont en passe de devenir des personnes élégantes, qui tiennent à leur santé et pratique un certain art de vivre, plutôt que des extraterrestres utilisant d’étranges gadgets dans la rue.

L’étude a  été réalisée auprès de collégiens et de lycéens dans la région parisienne, et démontre un fait assez grave. Le pourcentage de fumeur dans cette tranche d’âge de la population est parmi la plus élevée d’Europe, puisque l’on compte près de 40% de fumeur. La marché du tabac a donc toutes les raisons du monde de s’inquiéter de la montée en puissance de la cigarette électronique, notons d’ailleurs que jusqu’à présent, toutes les études ont démontré que l’e-cigarette était bien plus une porte de sortie du tabagisme pour les fumeurs confirmés, plutôt qu’une porte d’entrée pour les jeunes.

Comme toujours, les journalistes ne peuvent s’empêcher de raconter n’importe quoi. En effet, malgré les conclusions très positives de l’étude, on peut voir dans l’article du midi libre sur le sujet une photo, légendée par la phrase : « Bien que potentiellement irritante et addictive, la cigarette électronique… ». Phrase stupide, que l’on pourrait dire à propos de n’importe quel produit de consommation courant, ou comment créer la polémique là où elle n’existe pas.

C’est l’association Paris sans Tabac qui est à l’origine de cette nouvelle enquête sur la cigarette électronique auprès des jeunes. L’étude, sérieuse car interrogeant un panel représentatif, a démontré que la consommation de tabac dans la tranche des 16-25 ans a reculée de 9%, un chiffre jamais atteint ! Les politiques de santé publique font pâle figure à côté, si l’on compare les sommes engagées dans les prévention-répressions, et les baisses du tabagisme qu’elles ont provoquées. La baisse a été évaluée sur la période 2011-2014, c’est-à-dire depuis l’arrivée en France de la cigarette électronique et le développement de son marché. Bertrand Dautzenberg, tabacologue et pneumologue, qui a supervisé l’étude, explique lui-même que c’est bien la cigarette électronique qui est l’origine de la baisse du tabagisme.

Ainsi, la part des fumeurs parisiens âgés de 16 à 19 ans est passée de plus de 40% sur la première année d’étude à environ 33% pour l’année 2014. Chez les collégiens, donc dans la tranche d’âge 12- 15 ans, le pourcentage est passé de 20% à environ 11% pour l’année en cours. Ces chiffres exceptionnels, jamais vu auparavant, sont bien la résultante du développement de la cigarette électronique. A noter que le nombre de lycéen ayant testé la cigarette électronique est en très forte augmentation, on considère aujourd’hui que c’est près de 40% d’entre eux qui ont déjà tenté la vapote, et que l’e-cigarette n’apparait pas du tout comme un facteur d’initiation au tabagisme, encore moins comme un facteur le renforçant. Marisol Touraine peut aller se rhabiller, et trouver des sources sérieuses qui disent le contraire, avant de lancer sa grande croisade contre le monde des vapoteurs.

Dautzenberg, dont nous vous avons déjà parlé ici, puisqu’il est le président de l’OFT (L’office français de lutte contre le tabagisme), explique par ailleurs dans l’étude que la cigarette électronique permet de faire reculer le tabagisme des jeunes parce qu’il lutte contre son image. En effet, le tabac apparait comme un produit rétrograde, puant, cher et addictif, en plus d’être extrêmement nocif ! Et ce malgré les efforts des puissances industrielles qui tentent tant bien que mal de conserver l’idéal visuel du tabac, comme le fameux cow-boy de Marlboro que nous analysions dans cet article.

Les différentes associations de lutte contre le tabac restent cependant mitigées sur l’attitude à adopter face à la cigarette électronique. En effet, pour la majorité d’entre elles, persiste le risque que celle-ci soit une forme d’initiation au tabac, bien que l’étude dont il est question ici prouve exactement le contraire. Maintenant que des analyses sérieuses des composantes de l’e-cigarette ont été produites, et qu’aucun danger à court terme n’a été décelé, reste les craintes de voir des risques sanitaires apparaître à moyen et long terme selon eux. Dans leur logique, la cigarette électronique pourrait rendre les jeunes accrocs à la nicotine, et donc les mener tout droit vers le monde de la cigarette classique. Rappelons cependant à cet effet qu’il a été démontré par plusieurs recherches cliniques sérieuses que l’addiction à la cigarette classique moderne est bien plus forte qu’une simple addiction à la nicotine, et que les substances ajoutées au tabac, notamment les agents de texture et de saveur, libèrent lors de leur combustion des composés hautement addictif pour le consommateur.

Un autre élément fondamental qui explique sans doute un grand nombre de coups médiatiques et politiques portés contre la cigarette électronique, ce sont les chiffres de vente des substituts nicotinique classique que l’on peut trouver en pharmacie. Ces derniers sont en chute libre ! Lorsque l’on voit un méfait et que l’on cherche un coupable, il est toujours bon de se pencher sur le mobile le plus plausible. En l’espèce, ce dernier élément pourrait bien faire pencher la balance politique du côté des détracteurs de la cigarette électronique. Espérons que le bon sens et les initiatives citoyennes, notamment celles menées au niveau européen par un réseau d’association, sauront porter leur fruit, et assurer le développement d’un marché qui ne fait qu’entamer sa vie !

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